J'avais demandé à Yoann de nous faire un petit topo, et il nous en a fait un avec maestria. Le voici pour votre plus grand plaisir.
(Mathieu Webmestre)
Voilà voilà.
On m'a demandé un résumé de l'open de Caen, donc je fais un résumé du tournoi de l'open de Caen.
Déjà, je commence par le résumé du résumé, comme ça, ceux qui trouvent que j'écris trop pourront s'arrêter vite (promis, y'a pas de révélations après:D).
Donc je dirais que ça a très mal commencé avec un nul et une défaite, que ça aurait pu virer catastrophique, mais que les 5 victoires suivantes ont permis de limiter la casse et me procurent une 9ième place, pas glorieuse, mais honorable. Le tournoi quant à lui, est toujours aussi sympa et bien organisé.
Voilà, ça s'était la version courte ; maintenant la version longue.
En théorie, et comme à chaque fois, ça aurait du être magistral. Je suis outsider avec le 4ième classement (1660) sur la liste des 147 joueurs, j'ai pas peur des gamins et ça va être génial. En plus, ça fait 3 semaines que je joue tous les jours pour peaufiner ma nouvelle ouverture et reprendre un peu d'endurance.
Mercredi midi :
Pas motivé, super mal dans le cou, pas assez dormi. Bon, j'y vais parce que j'ai payé, quand même, j'ai pas envie :).
Mercredi 14h50 :
Je découvre que la cadence n'inclut pas de rajout de temps au 40ième coup, et je calcule que j'aurai un budget café pendant les matchs de l'ordre de 15€ pour la semaine.
Mercredi 15h :
Premier coup avec les blancs à la table 4 contre le (très) jeune pupille Saint-Lois Mael Piassale. En même temps, un pupille à 1475, je me dis qu'il faut quand même se méfier. Il est dur à jouer, parce que t'as l'impression qu'il dort, sauf quand il te regarde avec sa tête de personnage de manga (vous savez, les grands yeux et les p'tites bouclettes).
Bref, pour le coup, il m'endort, et on se retrouve en finale Cavalier + 4 pions, avec une position qui lui est, je pense, très avantageuse. Il s'emmêle les pinceaux, mais moi je joue 5 coups d'affilées sous les 30 secondes qu'il me reste. Pour le coup, c'est moi qui me trouve mieux, avec deux pions passés, mais un roi décentré et un peu de nervosité due au chrono. Au final, je finis par une nulle suite à une répétition de coups sur une partie qui je pense aurait du être gagnée.
De toutes façons, j'aime pas jouer les enfants...
Jeudi 9h :
Ouverture avec les noirs contre le (plutôt) jeune benjamin Simon Hadida, de Deauville, classé 1376. De ma pirc, il dira après la partie « je ne connais pas cette ouverture ». Ce à quoi, je répondrais : « ben moi non plus... ».
Sur un mauvais coup, je me retrouve en difficulté. Je pense m'en sortir avec juste la perte d'un point sur une combinaison tactique. Au milieu de la combinaison, je vois un coup intermédiaire qui me permet de regagner ce pion. Sauf qu'en vrai, ce n'est pas un bon plan, car il a un contre-coup qui capture mon cavalier tout en défonçant ma chaine de pions. Après une vingtaine de coups et une finale dans laquelle il conserve la pièce d'avance, je rends les armes.
A ce moment du tournoi, je me suis pris une branlée et demi par deux trolls jeunes prometteurs qui à eux deux pèsent moins de la moitié de mon poids, et je commence à détester tous les enfants du monde. Je dois être à peu près 130ième au classement, et j'envisage de m'acheter une cagoule pour qu'on ne me reconnaisse pas.
Jeudi, 15 heures.
Grâce à ma formidable prestation de début de tournoi, je vous la 3ième ronde à la table 57 ccontre le (très) jeune pupille Yanis Lakkis (encore un saint-lois), classé 1058.
Après une vingtaine de coup sur une partie tendue, il tente une attaque de mon roque en laissant un p'tit pion en prise. Le p'tit pion est mangé, et mon cavalier fait un peu de ménage, me garantissant la victoire finale. Le jeune Yanis se bat jusqu'au bout avec une qualité, puis une tour de moins, mais en restant dangereux, et en cherchant des solutions de type échec perpétuel.
Ma victoire ne me rassure pas vraiment, et je commence à me demander ce qu'ils donnent à manger à leurs jeunes, à Saint-Lô.
A ce stade, je déteste toujours les enfants, mais je suis rassuré de ne pas avoir eu à me poser la question de frapper celui-ci (mesdames messieurs les parents, cela est une boutade, bien évidemment, vous pouvez laisser vos enfants dans la même pièce que moi:D). Je remonte un peu au classement.
Vendredi 9 heures.
Me voilà au milieu de tableau contre mon premier adulte, classé 1353 en la personne de Laurent Allaire de Caen.
Je suis remonté à la table 32 et à la 82ième place, et j'ai fait un bon p'tit déjà chez tata Babeth.
Bref, la pauvre Laurent fait les frais de mon enthousiasme et ne sais pas résister à ma pirc dont je commence à connaître les 3 premiers coups. Il rend les armes en un peu moins de deux heures.
C'est cool, parce que ça me donne le temps d'aller manger un steak en ville avec notre poto Livio.
Vendredi 15 heures.
Je joue à nouveau avec les noirs, contre un autre adulte (donc, je suis content) en la personne de Jean-Luc, classé 1410 (je mets pas son nom parce que j'ai pas envie qu'il se retrouve dans mon texte sur une recherche google).
Au fur et à mesure que le classement de mes adversaire remonte, ma place et mes tables aussi, et me voici donc en table 18 (quand même je me sens mieux).
Je me souviens de Jean-Luc, parce qu'il m'avait empêché d'aller manger il y a deux ans en jouant pendant une heure une finale 2 tours + pions (pour moi) contre une tour + pion (pour lui) en disant : « on ne sait jamais ».
Je prends 30 minutes pour réfléchir sur un coup qui doit me donner un avantage décisif et décide de jouer CxCf3. Tout fier de ma décision, je regarde ma main décider que tout compte fait, elle va jouer FxCf3, et du coup, c'est moins décisif.
J'arrive à une finale de pions + fous opposés, mais avec un pion de plus pour moi, et une structure intéressante (4 contre deux à l'aile roi, et 2 contre 3 à l'aile dame).
Cette fois, mon adversaire a l'air un peu plus pressé, puisque qu'il me dit : « bon, je pense que c'est nul », ce à quoi je réponds « ben je crois que je vais continuer un peu quand même ».
Après un peu de tricot, j'arrive à bloquer sa chaine à l'aile dame, à mettre mon roi devant mon fou, à exploiter ma majorité, et à bloquer son propre fou.
A partir de ce moment, il passera encore 16 minutes de réflexion pour les 3 coups de pions inarrêtables qui m'amènent à la dame, et n’abandonnera que quand ma dame sera actée et son fou perdu.
Vendredi 20h.
Je suis crevé, mais mon cousin sympa me sert deux whisky pour me consoler.
Et puis comme je n'ai plus de velléité de victoire le lendemain, il me sert aussi quelques rhums en fin de repas pendant que madame boit de la tisane.
Samedi, 8h30.
J'évite le café parce que j'ai envie de vomir, mais je suis content parce que je retrouve les blancs et que joue à la table 8 contre la benjamine Camille Blanquet (1375). Elle a des boucles d'oreilles en forme de cavalier => Autant dire qu'il ne faudra pas sous-estimer son warrior spirit.
On fait une partie très accrochée avec le pion e4 en ligne de mire pendant le milieu de jeu.
Elle finit par lâcher le pion contre une attaque puissante de roque, mais ne voit pas que je peux ensuite échanger des pièces via un échec intermédiaire. Pire pour elle, elle ne voit pas la combinaison tactique qui me permet de gagner un fou contre un seul pion.
Elle continue à jouer vaillamment, puis fini par abandonner quand elle constate qu'elle ne pourra pas empêcher la promotion qui condamnera le match.
Elle finira finalement 19ième avec 5 points et reste je pense un joueuse d'avenir.
Samedi, 12h.
J'ai pile le temps d'aller manger une salade périgourdine avec Denis Durand, parce qu'on ne s'est pas affronté, mais il est sympa, Denis.
Samedi, 13h30.
Dernier match qui déterminera si mon tournoi était pourri ou quand même presque convenable. Je suis alors 17ième et je joue avec les noirs en table 6 (presque de retour à ma table initiale:D) l'expérimenté David Duteil (1472) de Saint-Lô.
Sur une variante du gambit dame refusé (celui là aussi, faudrait que j'apprenne à le jouer), je me trouve finalement en difficulté pour contrer une marée de pion qui défonce mon centre.
J'arrive à jouer assez juste pour tenter l'équilibre et sacrifie un pion pour retrouver un peu de jeu.
Pion que je récupère plus tard avec en plus une prise d'initiative. Au final, il se laisse piéger sur une combinaison tactique qui gagne une tour, à défaut de terminer par le mat du couloir. La perte de la tour entraine son abandon, et ma 5ième victoire à la suite.
En conclusion :
Je finis 9ième avec 5,5 points. Forcément, je suis le dernier des 7 qui cumulent ce score, car contrairement aux autres qui se sont battus toute la semaine sur les premières tables, j'ai joué pour ma part en sous-marin pendant 3 jours, avec une perf finale plus basse.
Mais quand même, je me suis un peu rassuré en fin de semaine, et je rentre donc avec un peu de motivation et l'envie de recommencer l'année prochaine.
Je vous avais dit, hein, que ça serait long:D
La biz à tous, et à bientôt pour de nouvelles aventures.